Sa besogne à la salle du trône terminée, Sirius s'était mis en tête d'aller faire un tour au sein de la ville, respirer cette atmosphère humaine propice à la création. Les commérages et autres ragots faisaient partis de ces muses, inépuisable fontaine d'inspiration, créant les légendes, les faisant grandir même, les nourrissant, jusqu'à les faire mourir. Oui en effet, rien de tel pour émerveiller les foulles qui ne se doutaient point que l'histoire qu'elles écoutent avec autant d'attention, n'est en fait qu'une version parmis tant d'autres de leur propre aventure quotidienne. C'est ainsi que l'enfant qui tua à coup de broche le chien du voisin devenait un chevalier parti sauver sa belle des griffes de la Bête, ou même qu'une histoire de coucherie entre fermier et crémière se transformait en intrigue politique pouvant mener à la guerre la plus terrible.
Ha que le monde est beau, rempli de héro, de prince charmant, et de troubadours prêts à les révéler à chaque coin de rue, riant tout autant dans leur barbe de ces crédules enchantés. Et pire que tout, lorsqu'il sagit de saga ou ancêtre princier, même le plus sage et le plus instruit des Rois retombait par magie dans la naïveté de l'enfance.
Cette vérité a toujours eut le don d'amuser Sirius. La magie bardique est le reflet de ces mots et autres mélodies, une magie illusoire tirant son pouvoir à la source même de cette naïveté collective. Elle est la plus puissante auprès de ceux prêts à y croire, et subtilement maniée, son alliance à la prose devient sûrement l'arme la plus redoutable.
Une ombre tira néanmoins le beau ménestrel de ses pensés. Une présence se tenait devant lui. Une silhouette auréolée des pâles lueurs du soleil se découvrait, peu à peu qu'elle avançait, les traits d'un homme d'arme dont les haillons et l'armure de cuir rapée trahissait l'appartenance à la caste paysanne.
- Bonjour gentilhomme! Puis je voir votre Souveraine sur l'instant! Mon temps est compté!
Le visage de l'homme était usé, vidé presque de toute énergie. Des cernes marquées, arpantant tout le contour de ses yeux injectés de sang, étaient devenues rouge vif. Cependant, malgré de tels ravages que seul le temps peut coser, ce corps d'environ une trentaine d'année se tenait avec assurance, force et robustesse.
- De un vagabond, il n'est point attitude plus grossière que votre prompt irruption en ce lieu paisible sans passer par la garde royale. De deux, réservez vos flateries à d'autre, je ne suis point gentilhomme, juste un Divin Troubadour. Et enfin, qui donc demande à voir mon Altesse.
- Emmerick est mon nom, "barde" (il insista sur ce dernier mot avec rudesse). Maintenant ammène moi à ta maîtresse.
Sirius le jaugea un instant, fit un geste discret tout en prononçant quelques mots d'une voix sourde, mais il ne pu découvrir une once de magie en cet être.
- Reste là! Deux gardes vont te surveiller pendant que j'avertis son Altesse de ta présence, étranger!
Après avoir averti deux gardes, le troubadour parti vers le palais. Tout à sa réflexion, il songeait en son fort intérieur.
"Bien, en voilà un. La tâche se complique, le temps va venir à me manquer. Mais qui aurait pu se doutait qu'IL soit là. Ma soeur, quelle perfide! Tu as pris beaucoup de plaisir à ce que je vois. Je pourrai en faire de même, mais cela n'est pas notre but. Pour l'instant nous ne voulons QUE LUI!"
Il pénétra alors dans les couloirs en direction des cuisines.